Dans l'Ouest. ils sont cent mille au moins à appartenir à une chorale. Un phénomène en plein boom.
" Il est né le divin enfant, chantons tous son avènement... " Ce soir, dans de nombreuses églises, des chorales accompagneront la messe de minuit. Leurs chanteurs nous enchanterons. Ils ajouteront un supplément âme à cette nuit magique.
" C'est vrai, ajoute Charles, la quarantaine souriante, professeur d'informatique. Moi, qui ne vais pas toujours à la messe, j'aime retrouver les autres pour
chanter. Plutôt timide, ça me prouve que je peux m'insérer dans un groupe. Guillaume, 16 ans, lycéen, approuve: " Cela m'oblige à aller vers les autres ". Oui, mais encore? Les femmes viennent à la rescousse. " Quand on chante, on est tous de bonne humeur " se plaît a dire Régine, sage-femme et mère de deux grands enfants. Sa voisine, Gwenola, infirmière à Rennes, avoue avoir arrêté de chanter quelques années pour élever son fils, " mais ça me manquait. Et, même si cela fait sourire quelques-uns de mes collègues à l'hôpital quand je leur dis que je chante dans les églises, je sens bien qu'ils sont intrigués et que certains se laisseraient volontiers tenter ".
Deux fois plus de femmes Le répertoire des chorales, qui va du grégorien à la musique de nos jours, permet à chacun de chanter quel que soit son niveau. Le succès d'ensembles vocaux de qualité et celui de groupes comme Pow Wow (" Le lion est mort ce soir ") et Chanson plus bi-fluorée a aussi eu un effet bénéfique ".
Les chorales ont de beaux jours devant elles. D'autant plus que le travail de fond entrepris depuis une vingtaine d'années tant dans le milieu scolaire que dans les écoles de musique pour favoriser le développement du chant, porte ses fruits. Made moiselle Lelongbec, chef de chorale caricaturée par Fernand Raynaud humoriste français des années 60 70, n'existe pratique-ment plus. Elle a laissé place à des chefs formés, diplômés... Encourageant et réconfortant " Chanter dans un groupe c'est se mettre à nu devant les autres mais c'est d'abord apprendre à écouter l'autre. ça va bien au delà de la simple envie de se faire plaisir en chantant ". On le vérifiera une nouvelle fois ce soir de Noël où il nous prend tous l'envie de chan-ter encore plus que d'habitude, Pour partager notre joie. Joyeux Noël!
Yvon LECHEVESTRIER
(1) Musiques et danses est une association créée à l'initiative du Conseil régional de Bretagne et du ministère de la culture. Sa médiathèque et son centre de documentation sont au service des chefs de chœurs. Renseigne-ments en écrivant au 1, rue du prieuré, B.P 55, 35410 Château-giron. Tel. 02 99 37 34 58.
Ouest-France Dimanche du 24 décembre 2000
Nous sommes de plus en plus nombreux à aimer chanter avec les autres au sein de chorales, d'ensembles vocaux et maîtrises, autant de noms donnés a ces groupes qui fleurissent partout de l'école à l'entreprise, de l'église à la maison de quartier, de la maison de retraite à la prison (parfois).
Noël constitue un temps fort pour les chorales. Dimanche der-nier, il suffisait de lire les pages de notre " guide " pour s'en rendre compte.
Partout, de nombreux concerts étaient proposés au choix du public.
L'ensemble Saint- Martin-des-chants, à Rennes, offrait ainsi son traditionnel rendez-vous de Noël dans l'église Saint Martin. Alain Gillouard, chef de chœur, amoureux du chant depuis son enfance a su, avec Nicole, son épouse, faire partager sa pas-sion à leurs enfants et une bonne trentaine de chanteurs venus de différents horizons. Ce " plaisir partagé ", tous les choristes le connaissent " C'est un besoin vital de faire des choses ensemble ", précise Alain Gillouard, dans le-quel beaucoup de choristes se retrouveront " Ce besoin n'est sans doute pas nouveau, mais, avant, on l'assouvissait plus facilement dans un syndicat, un parti politique, une Eglise... "
Gwenola ne se trompe pas. Ces dernières années le nombre de chanteurs n'a cessé d'aug-menter. Rien que dans l'ouest, ils seraient au moins 100000 à appartenir a une chorale dont la moitié d'entre elles ont été créées ces quinze dernières années. "Ce qui permet de dire qu'il y a de plus en plus de chorales ", note Sarah Karlikow de Musiques et danses en Bretagne (1) qui vient de réaliser un travail sur le chant choral dans la région. Une première enquête du genre en France. Elle montre que les femmes sont deux fois plus nombreuses à chanter que les hommes et que le répertoire des chorales est " varié sans prédilection " ce qu'on peut traduire par " de tout un peu ". L'enquête confirme que la voix est en vogue. Elle permet l'acces à la musique pour tous. C'est aussi la meilleure façon d'être acteur de la musique quand on ne veut pas être un simple consommateur.
Des leaders qui savent entraîner et tirer vers le haut ceux qui les rejoignent, désireux de progresser et de faire des choses ensemble. Une tendance lourde, comme disent les sociologues.